Embolisation varices ?

Sommaire

  • Syndrome de congestion pelvienne
  • Définition embolisation ?
  • Déroulement de l'intervention
  • Post-embolisation
  • Embolisation ou pas ?
  • Douleurs persistantes après l'embolisation
  • Conclusion

Syndrome de congestion pelvienne

Pour en savoir plus sur le syndrome de congestion pelvienne voir mon article syndrome de congestion pelvienne  ainsi que  mon livre Soulager naturellement le syndrome de congestion pelvienne.

Définition de l'embolisation ?

L’embolisation est le traitement médical du syndrome de congestion pelvienne (SCP) lorsque les varices pelviennes causent des symptômes.

Cela consiste à boucher les veines qui ne sont plus fonctionnelles : veines qui refluent et alimentent les varices, points de fuite pelviens (communication vers les jambes si varices des membres inférieurs d’origine pelvienne) et varices pelviennes (veines dilatées) pour rediriger le sang vers des veines fonctionnelles et rétablir un drainage veineux efficace.

Au sein du SCP, on retrouve une grande hétérogénéité de cas, le traitement sera donc différent d’une personne à autre. Le choix de l’embolisation et le type d’embolisation se fera en fonction des symptômes, des signes cliniques et du bilan d’imagerie :

  • Congestion pelvienne : Le sang descend au lieu de monter vers le cœur (à cause par exemple d'une dilatation et reflux de la veine ovarienne gauche), la pression sanguine augmente dans la région pelvienne, les veines gonflent et des varices pelviennes se forment autour des ovaires, de l'utérus et du périnée.
  • Reflux dans les membres inférieurs : le sang au lieu de stagner dans la région pelvienne, descend dans les jambes via le ou les points de fuite. Cela donnera des varices vulvaires ou des membres inférieurs sans forcément de symptômes de congestion pelvienne.
  • Névralgies périnéales : douleurs neuropathiques dans le petit bassin si nerfs comprimés par une varice. 

Il faudra aussi rechercher s’il n’y a pas des compressions vasculaires comme Nutcracker (compression veine rénale gauche) et Cockett/May-Turner (compression de la veine iliaque commune gauche) pouvant expliquer le SCP. Si c’est le cas, une prise en charge spécialisée avec des médecins experts est nécessaire. Voir associations Syndrome de congestion pelvienne et Espoir de Noisette pour des informations et des contacts.

Avant l’embolisation, il est enfin essentiel d’éliminer tous les diagnostics différentiels, autres causes de douleur, et de faire un bilan d’imagerie complet (écho-doppler, IRM et/ou scanner) pour avoir une cartographie veineuse précise.

Déroulement embolisation

L’embolisation est réalisée en ambulatoire (sortie le jour même) par un radiologue interventionnel. Cela se passe au cours d’une phlébographie (cartographie veineuse anatomique et hémodynamique précise du pelvis). C’est une procédure mini-invasive qui consiste, sous contrôle échographique, à introduire un mini cathéter (1mm) après ponction d’une veine, pour boucher les veines en cause avec des coils (spirale métallique) pour boucher mécaniquement la veine) ou des produits liquides pour scléroser la veine.

Selon les cas, l’intervention est réalisée sous anesthésie locale ou générale. Après l’embolisation, pas de cicatrice mais un hématome est possible au point de ponction.

Certains radiologues n’embolisent que les veines refluantes (par exemple veine ovarienne gauche) pour soulager la pression dans le bassin, et les points de fuite s’il y en a. L’idée est alors de couper l’alimentation en sang des varices sans toutes les boucher. D’autres embolisent tout : les veines refluantes, les varices pelviennes et les points de fuite. Dans les deux cas, je vous invite à vous rapprocher d’un radiologue spécialisé et expert dans sa technique. Plusieurs embolisations sont parfois nécessaires à plusieurs mois d’intervalle.

Post-embolisation

L’embolisation présente peu de risques de complications et permet une amélioration des symptômes dans plus de 80% des cas. A savoir : le post-opératoire peut être long et douloureux, de quelques jours à quelques mois, le temps de la cicatrisation, avant le soulagement attendu. Il convient de bien respecter le traitement anti-douleur prescrit et les soins de support peuvent s’avérer précieux : kiné, ostéo, sexologie, diététique, sophrologie etc. Pour la kiné, il ne faut pas hésiter à demander une ordonnance de rééducation périnéale.

Toutefois, si l’embolisation bouche les veines non fonctionnelles responsables des douleurs, cela ne fait pas toujours disparaitre la douleur même après le post-op. Sans que cela fasse peur, c’est important de le savoir. Je m’explique plus bas.

Embolisation ou pas

Cela dépendra de vos symptômes, du degré d’altération de votre qualité de vie, des recommandations du radiologue interventionnel et de votre choix. Votre choix doit être éclairé donc vous devez être informé.e au sujet de l’intervention et de la balance bénéfices/risques. Il est même recommandé de recueillir plusieurs avis pour aider à la prise de décision.

Pour rappel, on n’embolise pas quand il n’y a pas de symptômes.

Si les symptômes sont légers et/ou soulagés par les soins de support (kiné, ostéo, compression (collant mais surtout culotte/legging pour compression pelvienne), alimentation équilibrée et personnalisée, et activité physique adaptée), il est alors possible d’en rester là, tout en étant régulièrement suivi.e, avec si besoin une gestion médicamenteuse de la douleur. Cela peut soit éviter une intervention (en faisant des contrôles réguliers et en étant attentif à ses symptômes) soit optimiser l’embolisation future en préparant le terrain et en faisant baisser le seuil de la douleur.

Mais si le SCP altère de manière importante votre qualité de vie et si les soins de support ne suffisent pas à soulager et à prévenir l’évolution de la pathologie, alors la question de l’embolisation se pose sérieusement.  En effet, il ne faut pas rester avec sa douleur sans la prendre en charge (médicaments, soins de support, embolisation), car elle peut alors devenir chronique et une hypersensibilité à la douleur peut se développer.

Toutefois, s’il y a des dyspareunies et/ou des troubles urinaires importants et/ou des douleurs neuropathiques, il est conseillé de consulter urologue, neurologue et algologue avant l’embolisation (pour rechercher une autre cause que les varices), ainsi que de faire de la kinésithérapie. Par exemple, le Dr Sameh Awad recommande d’exclure toutes les causes de syndrome pudendal avant d’accuser les veines d’être responsable d’une douleur pudendale. De même si dyspareunies, il recommande la kinésithérapie interne et externe avant une intervention.

Si un autre diagnostic est posé en plus du SCP, par exemple : endométriose, adénomyose, fibromes, SOPK, kystes, névralgies périnéales à la suite de chirurgies ou accouchement traumatique ou césarienne, névralgie pudendale, cystite interstitielle, vulvodynie, MICI, SED, Spondy (liste non exhaustive) ... la question de la pertinence d’une embolisation se pose car les varices ne sont alors pas ou pas les seules responsables des douleurs. Ce sera donc du cas par cas dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire (radiologue interventionnel, angiologue, gynécologue, urologue, gastro-entérologue, neurologue, rhumatologue).

Concernant l'embolisation avant un projet de grossesse, il est souvent conseillé aux personnes qui ont peu de symptômes et dont les rapports sexuels sont possibles de ne pas se faire emboliser avant la première grossesse. En effet, il y a un risque de récidive pendant la grossesse. En revanche, si le SCP altère considérablement la qualité de vie et rend les rapports impossibles ou douloureux, la question de l’embolisation se pose. S'il y a une infertilité pouvant être expliquée par des varices autour des ovaires, alors l'embolisation est conseillée. Sachez que des techniques de préservation de la fertilité peuvent vous être proposées en parallèle de l’embolisation et il y a des témoignages positifs de femmes enceintes après l’embolisation. Je conseille vivement de consulter différents radiologues pour faire votre choix.

Douleurs persistantes après l'embolisation

Pour en revenir à la question des douleurs, si l’embolisation soulage les douleurs liées à la congestion (pression sanguine et stase sanguine qui vont activer les nocicepteurs au niveau de la paroi veineuse), d’autres douleurs peuvent parfois perdurer après l’embolisation. Cela n’est pas une fatalité. Le savoir et le comprendre aidera grandement pour agir dessus.

Cela peut être le cas des douleurs neuropathiques. Elles peuvent être soulagées si embolisation de la varice responsable de la compression nerveuse mais elles peuvent perdurer pour différentes raisons pas toujours expliquées. Dans certains cas très particuliers, une chirurgie peut s'avérer nécessaire pour décompresser les nerfs piégés par des vaisseaux (syndrome de compression vasculaire/compression vasculaire d’un nerf) ou par des tissus ou encore par des fibroses post-chirurgicales. A ce sujet je vous invite à regarder les travaux du Pr Possover, du Dr Fazel et du Dr Mouton-Paradot et les informations collectées par l’association Endométriose et douleurs neuro. De telles procédures ne doivent être envisagées et réalisées que par des experts en neurochirurgie du pelvis. Là aussi je recommande plusieurs avis et d'avoir éliminer les diagnostics différentiels avant.

Les douleurs peuvent aussi perdurer après une embolisation en cas d’hypersensibilisation à la douleur centrale ou périphérique. Dans ce cas et celui des douleurs neuropathiques, une prise en charge spécialisée est recommandée pour faire baisser les seuils de douleur : médecin de la douleur (algologue), neurologues de la douleur chronique, urologue, médicaments spécifiques (antiépileptiques et anti-dépresseurs tricycliques et IRS), kiné, ostéo, sexologie, gestion du stress, exercices respiratoires, activité physique adaptée, TENS, sophrologie, hypnose, alimentation et micro-nutrition anti-inflammatoire, psychothérapie (car les douleurs peuvent conduire à une dépression qui peut elle-même aggraver les douleurs), neurosciences de la douleur etc.

Les douleurs musculaires et les déséquilibres du plancher pelvien, encore plus si syndrome myofascial pelvien, hypertonie du périnée, ou encore fibromyalgie, peuvent également perdurer. C’est hyper important car ces douleurs sont souvent retrouvées dans le SCP et les pathologies gynécologiques, et sont sous-estimées. Dans ce cas prise en charge pluridisciplinaire aussi : kiné, ostéo, activité physique adaptée (étirement, renforcement musculaire, mobilité), massages et auto-massages (trigger points), exercices respiratoires pour gérer le stress - renforcer la sangle abdominale – décongestionner (diaphragme : pompe veineuse).

Les troubles digestifs peuvent aussi continuer. Pour cela il convient de privilégier une alimentation équilibrée et légère. Mais cela peut ne pas suffire et les ballonnements/troubles du transit peuvent s’aggraver avec une alimentation “saine”. Un suivi est alors nécessaire pour comprendre les causes et y remédier : diététique et micro-nutrition, naturopathie, médecine fonctionnelle, régulation du système nerveux etc.

Le syndrome prémenstruel (SPM), les ovulations et les règles douloureuses, peuvent enfin subsister aussi. Là aussi un suivi est nécessaire pour comprendre les causes, regarder du côté de l'équilibre oestro-progestatif et trouver des solutions : diététique et micro-nutrition, naturopathie, médecine fonctionnelle, régulation du système nerveux etc.

Conclusion

En résumé, l’embolisation est le traitement de référence du SCP, plutôt en dernière intention. Si cela ne supprime pas toutes les douleurs, directement ou indirectement liées au SCP, d’autres solutions sont possibles en complément de l’embolisation dans le cadre d’une prise en charge la plus pluridisciplinaire possible. Aussi bien pour le diagnostic du SCP que la prise en charge (embolisation), je vous conseille de contacter l’association du syndrome de congestion pelvienne pour avoir des contacts d’angiologues et radiologues interventionnels.

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Sources