Les myomes, communément appelés fibromes, sont des tumeurs bénignes du muscle de l’utérus. Ils constituent l’excroissance la plus commune et affecteraient jusqu’à 1 femme sur 4, et la première cause d’hystérectomie (ablation de l’utérus) en France, ce qui interroge face au manque d’information disponible sur cette condition.
Ces tumeurs grossissent sous l’influence des hormones, et notamment des estrogènes. Il faut également comprendre que les fibromes sont non seulement sensibles aux estrogènes mais en plus en produisent eux-mêmes localement, pour permettre leur propre croissance.
Ils existent différents types de fibromes et sont classés en fonction de leur localisation et de la partie de l'utérus qui est touchée.


Les fibromes ne sont pas dangereux en tant que tel mais peuvent affecter la qualité de vie de la femme atteinte de manière importante en fonction de leur taille et de leur localisation. Ces derniers peuvent être asymptomatiques ou causer :
- Des règles très abondantes et/ou très longues (ménorragies),
- Une anémie due à une carence en fer en raison des saignements excessifs,
- Des douleurs et/ou une congestion du bas ventre,
- Des douleurs pendant les rapports sexuels (dyspareunies),
- Des ballonnement et troubles digestifs,
- De la constipation,
- Des troubles urinaires,
- Un ventre gonflé,
- Un risque pour la grossesse si les fibromes sont localisés dans le col de l’utérus ou sous le placenta.
Le diagnostic se fait généralement par échographie. Il existe ensuite différents traitements pour soulager les symptômes et parfois réduire la taille et même faire disparaître les fibromes, bien qu’il n’y ait pas de consensus sur cet objectif de disparition totale.
Il existe également des méthodes plus naturelles pour travailler sur le terrain de la personne (et donc sur la cause d’apparition des symptômes) et sur les symptômes gênants et invalidants. Dans tous les cas, que la personne opte pour un traitement médical, un traitement naturel ou encore pour la chirurgie, il convient de revoir son hygiène de vie pour agir sur la cause.
L’ensemble de ces approches fera l’objet d’un autre article.
Aujourd’hui, je vous propose de regarder ce qu’il est possible de faire du côté de son assiette, afin de réduire l’inflammation associée aux douleurs, améliorer la digestion, éviter les carences nutritionnelles, et réduire les œstrogènes impliqués dans la croissance des fibromes. Pour réduire les œstrogènes, il est important de prendre soin de son foie et de ses intestins, impliqués dans le métabolisme hormonal et le recyclage des hormones en excès, mais aussi de veiller à limiter les perturbateurs endocriniens (plastique, cosmétique non bio, aliments transformés, pesticides ...) et à veiller aux apports excessifs en graisses saturées, glucides et sucres raffinés car les cellules adipeuses, qui stockent les excès alimentaires et notamment sucrés, ont une forte activité oestrogénique.
A noter : L'alimentation ne remplace aucun traitement médical, ne fera pas disparaitre les fibromes, mais peut participer à limiter leur croissance et à réduire les douleurs s'il y en a !
Aliments à privilégier :
- Légumes, en particulier les légumes verts, les légumes amers et les crucifères, biologiques ou agriculture raisonnée, frais ou surgelés. En effet les légumes amers et les crucifères soutiennent la détoxication hépatique (en gros le travail du foie) et permettent l'élimination des estrogènes en excès grâce notamment à deux molécules: l'indole-3-Carbinol (I3C) et le 3,3'-diindolylmethane (DIM).
- Fruits entiers, en particulier les fruits rouges, le raisin et les agrumes.
- Féculents et céréales non raffinées: riz complet ou demi-complet, riz thaï demi-complet, riz basmati demi-complet, riz sauvage, sarrasin, quinoa, patate douce, carottes, courges, millet, avoine, petit épeautre, blé complet (sauf si éviction du gluten).
- Protéines: viandes blanches biologiques, poissons gras pèche durable (saumon, truite, maquereau, sardines, anchois) réputés pour leur richesse en acides gras, Oméga 3, anti-inflammatoires, œufs bio bleu blanc cœur (Oeufs à la coque et mollet pour conserver les vitamines et minéraux du jaune encore coulant !), algues (spiruline, wakamé...) et graines germées riches en protéines végétales !
- Graisses végétales pour la cuisson: huile d’olive surtout et huile de coco modérément.
- Graisses végétales pour l’assaisonnement: huile d’olive, huile de colza, huile de noix, huile de lin, avocat, oléagineux (amandes, noix, cajou, pistaches et noisettes) et les graines (chanvre, chia, courge, lin).
- Boissons végétales et yaourts végétaux sans additifs.
- Herbes : ail des ours, thym, romarin, menthe, basilic, persil, coriandre, verveine, aneth, ciboulette, estragon, origan …
- Epices : curcuma, cannelle, vanille, clou de girofle, gingembre, anis, cardamome, cumin, noix de muscade, safran …
- Thé vert bio, si possible déthéiné : effet bénéfique des antioxydants du thé vert (EGCG) sur les fibromes (taille et symptômes). Possible de se supplémenter en extrait de thé vert EGCG après avis médical.
- Tisanes et infusions chaudes ou fraiches, café bio modérément.
- Eau, de préférence filtrée. Très important de boire tout au long de la journée.
- Supplémentation en vitamine D3 associée à la prévention et réduction des fibromes. Choisir de préférence de la vitamine D3 végétale à prendre quotidiennement après avis médical.
- Supplémentation en curcumine (issue du curcuma) peut être intéressante aussi car celle-ci aurait un effet bénéfique sur la croissance des fibromes et sur l'inflammation qui peut être associée. Après avis médical aussi car il existe des contre-indications.
Aliments dont la consommation est à diminuer (et non bannir !) :
- Aliments industriels et ultra transformés contenant des polluants alimentaires dont additifs qualifiés de perturbateurs hormonaux (endocriniens).
- Viande rouge et charcuteries associées à un risque plus élevé de fibromes dans certaines études (pas de consensus sur la question). Une consommation modérée de viande rouge bio et de qualité en cas d’anémie peut rester utile.
- Poissons les plus pollués car les métaux lourds sont associés à un risque plus élevé de fibromes (thon, requin, brochet, espadon, raie, lotte, marlin, flétan, barracuda, escolier, baudroie, bar, daurade).
- Produits laitiers, surtout de vache, contenant des facteurs de croissance et des hormones dont des oestrogènes pouvant créer chez certaines femmes une hyperoestrogénie relative. A noter que des doutes subsistent sur l'assimilation des facteurs de croissance, mais les estrogènes eux sont bien assimilés par l'homme. Quant à leur effet sur nous, cela reste aussi controversé. Des études démontrent leur impact sur les pathologies hormono-dépendantes, dont cancer du sein et d'autres études ne concluent pas en ce sens. En tout cas, s'agissant des produits laitiers non bio, ceux-ci contiennent des polluants alimentaires (dioxines, phtalates des emballages...) agissant bien comme perturbateurs endocriniens, cela est prouvé. Si vraiment vous adorez les produits laitiers, préférez ceux de chèvre ou brebis, à prendre bio, qui sont physiologiquement plus adaptés à la consommation humaine A consommer avec modération en cas de troubles hormono-dépendants. Enfin, en cas d'hypersensibilité digestive au sucre du lait (lactose) ou aux protéines du lait (caséines), une éviction reste essentielle pour limiter l'inflammation et retrouver un confort digestif (transit et douleurs digestives).
- Graisses saturées qui en excès seulement se stockent dans notre tissu adipeux lequel à une activité oestrogénique.
- Huile de tournesol et beurre de cacahuète qui sont inflammatoires en excès en raison de leur richesse en Oméga 6 au détriment des Oméga 3.
- Riz blanc et pâtes blanches, index glycémique trop élevé, ce qui en excès perturbe l'équilibre hormonal et favorise la prise de poids donc de tissu adipeux à activité oestrogénique.
- Maïs, sauf bio et sans OGM de temps en temps
- Sucre raffiné, bonbons, gâteaux industriels et jus de fruits.
- Alcool dont la bière qui serait associée à un risque plus élevé de fibromes en raison notamment de la présence de houblon, un phytoestrogène.
Aliments dont la consommation est à surveiller et à ajuster à titre personnel :
- Gluten (blé, épeautre, seigle, kamut, avoine non certifié sans gluten), protéines qui peuvent occasionner des troubles digestifs et des troubles du transit chez les personnes intolérantes ou sensibles.
- Légumineuses (lentilles, pois-chiche, soja) et sésame, riches en phytoœstrogènes. Il n'y a pas de consensus scientifique au sujet de savoir si les phytoœstrogènes protègent des pathologies liées aux excès d’estrogènes ou l’inverse. En outre, cela dépend aussi de notre microbiote et de notre capacité personnelle à métaboliser ces phytoœstrogènes. Donc l'effet hormonal, bénéfique ou délétère, sera très variable d’un individu à l’autre. Il n'en demeure pas moins que les légumineuses (lentilles et soja), sont riches en fibres et protéines végétales, et restent donc intéressantes pour la santé. Possible donc d'en consommer avec parcimonie si votre système digestif le permet (et oui car ils peuvent aussi causer des troubles digestifs et des troubles du transit).
- Café et thé en raison de leur taux en caféine qui peut perturber le système hormonal et la barrière intestinale et de leur capacité à puiser dans nos réserves en fer et magnésium.
- Chocolat, très intéressant car riche en minéraux et bon pour le moral, mais aussi riche en caféine. En outre, si le chocolat est à – de 70%, il sera fort en sucre, et si chocolat à + de 70%, il sera plus riche en graisses saturées. Si vous ne pouvez vous passer du chocolat (comme moi), à choisir donc à + de 70% et à consommer avec modération.
Par ailleurs, le mode de cuisson est important. La cuisson douce à la vapeur ou à l’étouffée étant à privilégier pour conserver un maximum de nutriments et pour éviter la surconsommation de molécules toxiques, inflammatoires, créées par les cuissons excessives de certains aliments. En somme, friture, barbecue et grillades OK de temps en temps mais pas tous les jours.
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Enfin, n’oublions pas que tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison, et qu’il faut trouver son équilibre personnel, en n’hésitant pas à consulter un professionnel de santé et un.e naturopathe pour vous aider.
N'hésitez pas à prendre rendez-vous avec moi pour bénéficier d'un accompagnement plus personnalisé et large incluant des plantes utiles pour soulager les fibromes et compléments alimentaires ciblés.
=> Les conseils ci-dessus ne sont pas des prescriptions médicales et n'ont pour objectif que votre information. Un suivi médical reste prioritaire et indispensable. Enfin, les informations fournies ne sont ni exhaustives ni personnalisées et n'ont qu'une portée générale.
Sources :
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- Ciebiera, M.; Esfandyari, S.; Siblini, H.; Prince, L.; Elkafas, H.; Wojtyła, C.; Al-Hendy, A.; Ali, M. Nutrition in Gynecological Diseases: Current Perspectives. Nutrients 2021, 13, 1178.
- Ciebiera, M.; Ali, M.; Prince, L.; Jackson-Bey, T.; Atabiekov, I.; Zgliczy ´ nski, S.; Al-Hendy, A. The Evolving Role of Natural Compounds in the Medical Treatment of Uterine Fibroids. J. Clin. Med. 2020, 9, 1479 (Pour la curcumine).
- Maruyama K, Oshima T, Ohyama K. Exposure to exogenous estrogen through intake of commercial milk produced from pregnant cows. Pediatr Int. 2010 Feb;52(1):33-8. doi: 10.1111/j.1442-200X.2009.02890.x. Epub 2009 May 22. PMID: 19496976.
- Sisti JS, Hankinson SE, Caporaso NE, Gu F, Tamimi RM, Rosner B, Xu X, Ziegler R, Eliassen AH. Caffeine, coffee, and tea intake and urinary estrogens and estrogen metabolites in premenopausal women. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2015 Aug;24(8):1174-83. doi: 10.1158/1055-9965.EPI-15-0246. Epub 2015 Jun 10. PMID: 26063478; PMCID: PMC4526325.
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