Jambes lourdes et varices, et si c'était d'origine pelvienne ?
Définition varice
Une varice est une dilatation anormale d’une veine. Normalement le sang qui circule dans les veines retourne au coeur grâce à différents mécanismes dont les valvules. On voit à gauche que les valvules (en jaune) permettent bien la circulation du sang vers le coeur mais à droite, les valvules défaillantes laissent au contraire le sang refluer. Le sang stagne alors dans les veines qui se dilatent. Ce reflux et cette stase sanguine créent de l’inflammation. Cette inflammation est à l’origine des douleurs et peut altérer davantage les vaisseaux sanguins et entretenir les varices.
Il est estimé que dans 10% des cas, les varices des membres inférieurs sont en réalité d’origine pelvienne (voir F. Allaert, Données épidémiologiques sur l'épidémiologie des varices pelviennes et leur corrélation avec la maladie veineuse.)
Cela peut notamment expliquer les récidives des varices des membres inférieurs si seules les varices des membres inférieurs sont traitées.
Troubles veineux pelviens et syndrome de congestion pelvienne
Les troubles veineux pelviens se définissent comme un éventail de symptômes et de signes résultant des veines du pelvis et de leurs voies de drainage. Cela inclut le syndrome de Cockett, le syndrome de Nutcraker et le syndrome de congestion pelvienne.
Le syndrome de congestion pelvienne est une pathologie douloureuse résultant donc d’une accumulation de sang dans les veines du pelvis et provoquant :
- des douleurs pelviennes avec pesanteur aggravées en fin de journée, par la position debout prolongée, et par la position assise prolongée,
- des douleurs pendant ou après les rapports sexuels,
- des troubles digestifs,
- des troubles urinaires,
- des douleurs neuropathiques (sciatalgie, pudendalgie...),
- des douleurs sacro-lombaires,
- des douleurs pouvant être accentuées à l’ovulation, avant les règles et soulagées au deuxième ou troisième jour des règles,
- une excitation génitale permanente,
- des douleurs aux jambes (avec ou sans varices des jambes), etc.
A savoir que 30 % à 40 % des douleurs pelviennes sont en réalité causées par un syndrome de congestion pelvienne. Au sujet du syndrome de congestion pelvienne voir mon article et mon livre.
Points de fuite
Pour en revenir au sujet de notre article, le syndrome de congestion pelvienne, peut donc parfois expliquer les varices typiques des membres inférieurs, celles des veines saphènes (varices saphéniennes) mais aussi les varices atypiques : varices fessières, varices poplitées (arrière du genou), varices des cuisses (racine interne et face postérieure). Cela peut expliquer aussi les varices vulvaires et périnéales, ainsi que les hémorroïdes.
Cela s’explique par les points de fuite qui sont des points de communication anormale entre le pelvis et les membres inférieurs. Ce sont eux qui vont alimenter les varices des membres inférieurs. Il en existe six : point pudendal, point inguinal, point glutéal supérieur, point glutéal inférieur, point obturateur, point clitoridien.
A savoir qu’il est possible d’avoir des varices des membres inférieurs d’origine pelvienne, sans symptômes de congestion et de douleur pelvienne. En effet, puisque le sang reflue vers les membres inférieurs par les points de fuite, les douleurs peuvent n’être que dans les jambes.
Il est également possible d’avoir des douleurs aux jambes et des jambes lourdes sans réelles varices des membres inférieurs en cas syndrome de congestion pelvienne et du syndrome prémenstruel.
Si vous vous interrogez sur l’origine pelvienne des varices des membres inférieurs (10 % des cas), parlez en à votre médecin ou spécialiste (gynécologue ou angiologue). C’est important car si c’est le cas, il y a un risque de récidive en ne traitant que les varices des membres inférieurs sans traiter les varices pelviennes. En effet, 16,6% des récidives des varices des membres inférieurs après chirurgie sont liées à un reflux pelvien ou supra-pelvien (étude REVAS, J vasc surg, 2006).
Diagnostic des troubles veineux pelviens et du syndrome de congestion pelvienne
Le diagnostic de syndrome de congestion pelvienne peut être posé quand il y a des varices visibles à l'imagerie et des symptômes associés. La seule présence de varices (asymptomatiques dans 50 à 70 % des cas) ne permet pas d'évoquer un diagnostic. Il faut des symptômes compatibles avec le syndrome.
Beaucoup de médecins et de gynécologues ne connaissent pas, donc il ne faut pas hésiter à voir les médecins spécialistes (annuaire de l'association du syndrome de congestion pelvienne).
- Interrogatoire et examen clinique en position debout, avec si besoin manœuvre de Valsalva. On peut notamment retrouver une douleur à la palpation d'un point ovarien.
- Echographie endovaginale ou IRM pelvienne avec un radiologue compétent (voir annuaire de l’association du syndrome de congestion pelvienne).
- Ensuite examen de référence : écho-doppler abdominal et des membres inférieurs. C’est une échographie avec fonction doppler pour visualiser les vaisseaux et le flux sanguin.
- Examens complémentaires si besoin au cas par cas : phlébographie et angioscanner.
Facteurs de risque des troubles veineux pelviens (non exhaustif)
- Grossesses (modification taille utérus, augmentation flux sanguin, variations hormonales qui vont favoriser les varices).
- Compressions, variantes anatomiques et malformations veineuses (Nutcraker, Cockett...). Au sujet des compressions vasculaires, voir l'Association Espoir de Noisette.
- Terrain familial (varices).
- Adhérences post-chirurgicales qui vont perturber le réseau veineux.
- Maladies inflammatoires (endométriose, SOPK) car l’inflammation favorise les varices,
- Les fibromes utérins qui peuvent également perturber le réseau veineux par compression,
- Les syndromes d’Ehler-Danlos (fragilité des vaisseaux)
- L'hyperestrogénie qui peut favoriser la dilatation des veines et l’insuffisance veineuse etc;
Prise en charge du syndrome de congestion pelvienne
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