Méthodes d'observation du cycle et symptothermie

Présentation

Dr Sophie Saab-Tsnobildadzé, médecin généraliste, et Marion Vallet, sage-femme définissent les méthodes d’observation du cycle (MOC) comme des méthodes scientifiques et fiables de suivi du cycle ovulatoire, fondées sur l’observation quotidienne des biomarqueurs de fertilité de la femme selon un protocole précis propre à chaque méthode.

Les MOC permettent d’identifier les jours fertiles et infertiles du cycle menstruel, à des fins de contraception, de conception ou d’observation. Leur utilité dépasse largement la seule gestion de la fertilité. En effet, le cycle menstruel est considéré comme le 5ème signe vital par le Collège Américain des Obstétriciens et Gynécologues après la respiration, la fréquence cardiaque, la température, et la tension artérielle. Les MOC s’adressent ainsi à toute personne menstruée souhaitant mieux comprendre son cycle, arrêter une contraception hormonale ou retirer un dispositif intra-utérin (hormonal ou au cuivre), surveiller et prendre soin de sa santé gynécologique, ou encore atténuer certains symptômes tels que le syndrome prémenstruel (SPM) ou les troubles veineux influencés par les fluctuations hormonales du cycle.

Les MOC sont compatibles avec des cycles naturels irréguliers. Elles sont également compatibles avec le stérilet en cuivre, qui ne supprime pas l’ovulation (mais produit de l’inflammation pour éviter une grossesse). Le stérilet en cuivre peut toutefois modifier la glaire cervicale, ce dont il faudra tenir compte. En revanche, les MOC ne peuvent pas être utilisées sous contraception hormonale (pilule, implant, stérilet hormonal…), car ces traitements bloquent généralement l’ovulation pour éviter une grossesse. Les biomarqueurs utilisés ne sont donc pas observables.

Biomarqueurs utilisés

Chaque MOC utilise un ou plusieurs biomarqueurs pour déterminer les jours fertiles et infertiles du cycle.

La glaire cervicale

La glaire cervicale est une sécrétion vaginale physiologique qui varie tout au long du cycle. Elle est produite par le col de l’utérus sous l’influence des œstrogènes avant et pendant l’ovulation. Elle devient crémeuse et laiteuse à l’approche de l’ovulation puis transparente et visqueuse, comme du blanc d'œuf cru, à l'ovulation. Après l’ovulation, elle se dessèche sous l’influence de la progestérone.

Son rôle est de protéger les spermatozoïdes et de prolonger leur viabilité pendant environ cinq jours, en attendant l’ovulation. En effet, en l’absence de glaire cervicale, ils ne pourraient pas survivre dans l’environnement acide du vagin.

La température basale du corps

Après l’ovulation, la progestérone fait monter la température basale de 0,3 degré environ jusqu’à l’arrivée des règles. Pour observer cette variation, il est recommandé de prendre sa température chaque matin au réveil, avant de se lever, à une heure relativement fixe, en utilisant un thermomètre basal (précis à deux décimales) et en respectant plusieurs conditions pour que ce soit fiable.

Le col de l’utérus

Le col de l’utérus est plus bas, fermé et dur en période infertile et plus ouvert, plus haut, plus doux et plus humide en période de fertilité pour laisser entrer les spermatozoïdes.

Les saignements

Les saignements et les menstruations peuvent renseigner sur l’équilibre hormonal du cycle en fonction de leur durée, de leur consistance et de leur abondance, ou encore signaler un trouble (endométriose, fibrome…).

Les 3 MOC principales

La méthode de l’Ovulation Billings®

Développée par un couple de médecins australiens, la méthode Billings repose exclusivement sur l’observation de la glaire cervicale pour identifier les phases fertiles du cycle. L’observation se fait au quotidien en prêtant attention aux sensations ressenties à la vulve dans le cadre des activités habituelles et à l’aspect de la glaire sur le papier toilette, sans la toucher. À l’approche de l’ovulation, les sensations deviennent progressivement humides, puis glissantes et lubrifiées au moment de l’ovulation. En dehors de cette période, la sensation est généralement plus sèche. Ces observations sont consignées chaque jour dans un tableau.

À noter : si cette méthode est utilisée comme méthode contraceptive, les rapports, même protégés, sont à éviter pendant toute la période fertile, car les moyens de contraception, dont le préservatif qui n’est pas fiable à 100 %, y sont proscrits.

Taux de fiabilité théorique : 97% (indice PEARL).

Taux de fiabilité pratique : 77% (indice PEARL) et selon les études 98,5 à 99,5%.

Le modèle Creighton : FertilityCare™ et NaProTechnologie

Développé en 1977 par le Dr Thomas Hilgers à l’université Creighton (États-Unis), le modèle Creighton repose, comme la méthode Billings®, sur l’observation exclusive de la glaire cervicale. Il s’en distingue par un système de notation standardisé permettant de décrire précisément les caractéristiques de la glaire (méthode du FertilityCare™).

La grande particularité de ce modèle est d’ouvrir l’accès à la NaProTechnologie, médecine de restauration de la fertilité. Il s’agit d’une véritable assistance médicale pour une procréation naturelle en identifiant et en traitant les causes profondes des troubles de la fertilité, avec un traitement médical éventuel comme la stimulation de l’ovulation et l'apport d’hormones. C’est différent de la procréation médicale assistée (PMA) qui recourt à des interventions médicales plus poussées, telles que l’insémination artificielle ou la fécondation in vitro (FIV). En résumé, la NaProTechnologie cherche à rétablir la fertilité de manière plus naturelle, tandis que la PMA contourne les problèmes de fertilité grâce à des techniques médicales avancées.

Un accompagnement par une instructrice certifiée FertilityCare™ est indispensable avant toute consultation avec un·e médecin formé·e à la NaProTechnologie.

Taux de fiabilité thorique du FertilityCare™ : 99 % (indice PEARL).

Taux de fiabilité pratique du FertilityCare™ : 95,5% (indice PEARL).

La symptothermie

La symptothermie repose sur l’observation de deux biomarqueurs : la glaire cervicale et la température basale du corps au réveil. Ces deux indicateurs permettent de déterminer les jours fertiles (apparition de la glaire cervicale d'abord crémeuse et laiteuse puis visqueuse et transparente à l’ovulation) et la fin de la période fertile qui est marquée par une élévation d’environ 0,3°C de la température corporelle et un asséchement de la glaire cervicale pendant au moins trois jours consécutifs.

Ces deux signes peuvent être associés à la palpation du col de l’utérus, mais ce n’est pas obligé pour pratiquer la symptothermie.

La symptothermie est enseignée selon différentes méthodes : Cyclamen®, Sensiplan, Serena, Sympto®, Eden Fertilité, Emancipées (qui utilise la version Sensiplan)…

Taux de fiabilité théorique : 99,6 % (indice PEARL).

Taux de fiabilité pratique : 98 à 99% (indice PEARL méthode Sensiplan).

L’OMS estime que la symptothermie est fiable à 98,2%.

Conclusion

Les MOC reposent sur des protocoles rigoureux, validés scientifiquement.

Lorsqu’elles sont correctement apprises auprès de conseillers certifiés, elles constituent une alternative fiable à la contraception hormonale, au stérilet en cuivre et au préservatif.

A noter : Les MOC ne comprennent pas la méthode du calendrier Ogino ni les applications prédictives comme Flo ou Clue, qui se basent sur la durée des cycles précédents pour prédire les cycles futurs. Or, chaque cycle peut varier.

En pratique, la symptothermie (méthode Sensiplan) est plus fiable que la pilule et le préservatif :

Symptothermie Sensiplan : 98,2 % (fiabilité en pratique selon l’indice PEARL)

Pilule : 93 % (soit 7 femmes sur 100 qui tombent enceinte sous pilule par an selon l’indice PEARL).

Préservatif : fiabilité théorique de 98% qui chute à 87% en pratique.

Si vous utilisez une méthode barrière (préservatif, diaphragme, cape cervicale) pendant la période fertile, la fiabilité de la méthode sera celle de la méthode barrière choisie et non de la MOC.

Important : Le préservatif reste indispensable pour se protéger des maladies et des infections sexuellement transmissibles.

Quant à la pilule, elle est parfois prescrite comme traitement pour soulager les symptômes d’une maladie (endométriose) ou encore pour faire régresser certains kystes hormonodépendants. Son indication (balance bénéfices/risques) doit être discutée avec un professionnel de santé.

Adopter une MOC ou opter pour une contraception hormonale est un choix personnel, éclairé, et réversible. Il est tout à fait possible de passer de l’un à l’autre selon son mode de vie, ses besoins ou encore sa santé.