Troubles veineux pelviens

Le terme « troubles veineux pelviens » a été proposé en 2021 par l’American Vein and Lympathic Society pour réunir le syndrome de congestion pelvienne (SCP), le syndrome de Nutcracker (ou casse-noisette) et le syndrome de May-Thurner (ou Cockett).

Le syndrome de congestion pelvienne (SCP)

Le syndrome de congestion pelvienne (SCP) est une pathologie veineuse complexe liée à une insuffisance veineuse pelvienne. Il n'existe pas encore de consensus sur sa définition, mais on s’accorde à dire qu’il correspond à l’ensemble des symptômes provoqués par des varices pelviennes.

Pour rappel, une varice est une dilatation anormale d’une veine qui n’assure plus efficacement son rôle de ramener le sang vers le cœur.

0n parle couramment de varices pelviennes, en réalité, il peut y avoir des varices périnéales, des varices vésicales, des varices rectales, des varices vulvaires, des varices fessières, des varices à l’intérieur des cuisses et à l’arrière du genou etc.

Ces varices sont le plus souvent, mais pas exclusivement, causées par une compression d’une veine profonde et/ou un reflux des veines gonadiques (veines ovariennes ou testiculaires) et/ou des veines pelviennes (veines iliaques et leurs affluents).

Dans 70 % des cas, ces varices pelviennes sont asymptomatiques ; il n’y a alors ni SCP ni problème nécessitant une prise en charge.

Pour parler de SCP, il faut que la présence de ces varices entraîne des symptômes d’origine veineuse. Ce SCP serait impliqué dans 30 à 40 % des douleurs pelviennes chroniques de la femme. Un homme peut également en souffrir, notamment sous forme de varices et de varicocèles.

Le syndrome de Nutcracker (ou casse-noisette)

Le syndrome de Nutcracker se retrouve aussi sous les dénominations suivantes : syndrome de casse-noisette, syndrome de la pince mésentérique et syndrome de la pince aorto-mésentérique.

Ce syndrome correspond à une compression de la veine rénale gauche entre l’aorte et l’artère mésentérique supérieure, ce qui peut augmenter la pression dans cette même veine et/ou surcharger le débit veineux dans les veines collatérales.

C’est une maladie rare reconnue et répertoriée sur Orphanet. À noter qu’il existe d’autres formes de ce syndrome, également citées sur ce portail crée par l’INSERM

La compression de la veine rénale gauche n’est pas toujours symptomatique. Lorsqu’elle est, on peut retrouver des douleurs pelviennes, des douleurs lombaires et au flanc gauche très violentes avec nausées ou vomissements et des hématuries (sang dans les urines). Ces derniers symptômes peuvent également survenir en l’absence de douleurs pelviennes.

Le syndrome de May-Thurner (ou Cockett)

Le syndrome de May-Thurner est aussi appelé syndrome de Cockett. Il correspond à une compression de la veine iliaque commune gauche par l’artère iliaque primitive droite contre la cinquième vertèbre lombaire, ce qui entrave le flux sanguin. Ce syndrome est également référencé en tant que maladie rare sur Orphanet

Il peut être asymptomatique mais peut aussi augmenter significativement le risque de thrombose veineuse profonde et de phlébite. Les autres symptômes possibles sont un œdème et des douleurs à la jambe gauche avec ou sans douleur pelvienne associée.

Les syndromes de Nutcracker et de May-Thurner sont parfois associés à deux autres compressions vasculaires : le syndrome de Wilkie (compression du duodénum, segment de l’intestin grêle, au niveau de sa troisième portion, entre l’aorte et l’artère mésentérique supérieure) et le syndrome de Dunbar (compression du tronc cœliaque par le ligament arqué médian du diaphragme). Ces deux derniers syndromes ne donnent pas de symptômes veineux mais sont à rechercher s’il y a un Nutcracker ou un May-Thurner.

Pourquoi parler de troubles veineux pelviens ?

Le terme « troubles veineux pelviens » permet de regrouper l’ensemble des symptômes veineux ayant pour origine un obstacle au drainage veineux (syndrome de Nutcracker, syndrome de May-Thurner ou autre variante anatomique) et/ou un reflux veineux d’une veine ovarienne ou pelvienne. Ainsi, en présence de varices pelviennes et/ou de varicocèles associées à des douleurs, il est essentiel de s’interroger sur leur origine, car le traitement dépendra de la cause sous-jacente.

Le Dr Charles Mastier, intervenu lors du webinaire Tout savoir sur les varices pelviennes, organisé le 20 juin 2023 par Embolyon, explique clairement ces lien. Il indique que les varices pelviennes apparaissent à cause :

  • d’une dilatation et d’un reflux primaire des veines gonadiques (veines ovariennes ou testiculaires) ou des veines iliaques internes, entraînant une stagnation du sang dans le pelvis au lieu de remonter vers le cœur ;
  • et/ou d’un obstacle au retour veineux (d’origine congénitale ou acquise) : syndrome de Nutcracker, syndrome de May-Thurner, compressions par des tumeurs ou encore des veines occluses à la suite de thromboses ou de variantes anatomiques. Lorsqu’une veine est comprimée, pour une raison ou une autre, le sang peut être bloqué ou dévié, ce qui peut entraîner un reflux secondaire dans une autre veine incapable d’absorber ce surplus, et/ou une stagnation veineuse.

En cas de symptômes veineux pelviens, les compressions vasculaires et les variantes anatomiques doivent donc être systématiquement recherchées, car la prise en charge sera différente de celle d’un simple reflux veineux primaire.